Les jeux de plate-forme Mario

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Super Mario Odyssey, la prochaine grande aventure de notre plombier préféré, sera disponible dans quelques semaines. Intéressons-nous un peu à l’historique de cette série mythique. Qu’est-ce qu’un Mario 2D, un Mario 3D, ou un « vrai » Mario ?

Mario est le personnage emblématique de Nintendo, il a été utilisé dans à peu près tous les genres de jeux possibles et offre une véritable identité à la firme, bien plus qu’aucune autre mascotte. Cependant, le genre de jeu le plus souvent associé à Mario reste la plate-forme, un genre que Nintendo maîtrise parfaitement.

Un peu d’histoire

Tout a commencé sur NES avec Super Mario Bros., le jeu qui a posé les bases de l’univers de Mario : ses ennemis cultes, les personnages principaux, le thème musical devenu incontournable, et surtout son style de jeu de plate-forme simple mais extrêmement précis. Suite au succès retentissant, Nintendo a développé une suite reprenant les mêmes éléments mais proposant plus de challenge, Super Mario Bros. 2 (je parle de la version japonaise, pas du Super Mario Bros. 2 auquel on a eu droit en Europe et aux US, sur lequel je reviendrai plus tard). Puis la console a accueilli un troisième épisode, jugé comme l’un des meilleurs, qui cette fois a enrichi l’univers bien connu de nombreux éléments de gameplay qui marqueront à jamais la série, comme la carte du monde, les diverses transformations de Mario ou encore de nouveaux ennemis. À partir de Super Mario Bros. 3, Mario dispose d’un univers riche et populaire, bien ancré dans l’esprit des joueurs. La plus grosse partie du boulot est faite pour Nintendo qui n’aura alors plus qu’à exploiter cette juteuse licence en en multipliant les épisodes…

Super Mario Bros.
Super Mario Bros. 2
Super Mario Bros. 3
Super Mario World

 

… mais ce serait mal connaître Nintendo ! En 1990, la SNES à peine sortie au Japon, un nouveau Mario est mis sur les rails : Super Mario World. Ce changement de nom n’est pas anodin, même si le gameplay reste globalement identique à ses prédécesseurs, Nintendo semble avoir totalement repensé l’univers du jeu, en n’hésitant pas à mettre de côté certains de ses éléments clés. Exit les briques que l’on casse en sautant dessous, plus de goombas à écraser, plus question de Royaume Champignon non plus, même le découpage classique en différents mondes à thème n’est plus vraiment d’actualité. Ce vent de fraîcheur apporté à une formule bien connue a certainement contribué au succès du jeu qui reste dans les mémoires de certains comme LE meilleur Mario en 2D. Ce désir de renouvellement ne s’arrête pas là car Super Mario World aura droit à une suite, Super Mario World 2 : Yoshi’s Island, qui s’éloigne encore davantage de la série originale et tenant plus du spin-off que d’un véritable nouveau « Mario ».

Un tournant majeur dans l’histoire de la série a lieu en 1996 avec l’arrivée de la Nintendo 64. Nintendo entre dans l’ère de la 3D en frappant un gros coup avec Super Mario 64. Le passage à la 3D se fait tant graphiquement qu’au niveau du gameplay, démocratisant un genre qui deviendra alors très populaire pendant cette génération de console : le jeu de plate-forme 3D. Alors que la notion d’open world n’était pas encore entrée dans les mœurs, Nintendo nous proposait déjà une sensation de liberté hallucinante en nous permettant de déplacer Mario dans de vastes environnements. Véritable carton, Super Mario 64 donnera lieu à de nombreuses imitations mais ne sera véritablement surpassé que par Rareware avec les Banjo-Kazooie. Le plus important étant que de nouvelles bases aient été instaurées, les bases des « Mario 3D ». Bien entendu, ces bases n’existent que pour être bousculées par Nintendo.

Le maître
L’élève qui a réussi
Et les autres…

Avant de tout changer à nouveau, Nintendo sort Super Mario Sunshine, sur Game Cube, après de nombreuses années d’attente d’un nouveau « Mario 64 ». Une fois n’est pas coutume, le principe reste assez similaire à Super Mario 64, mais dans un tout nouvel univers, loin du classique Royaume Champignon. Une ambiance estivale, un air de vacances, mais surtout un gameplay enrichi par le J.E.T., un canon à eau dont dispose Mario pour effectuer une palette de mouvements supplémentaires et nettoyer la peinture qui tâche les différents mondes du jeu, élément au centre de l’intrigue. Bien que supérieur à son aîné sur de nombreux points, Super Mario Sunshine n’a pas rencontré autant de succès, sûrement à cause de cet élément de gameplay un peu trop original, ou d’un manque de variété de ses environnements, tous situés dans une thématique tropicale.

Il aura fallu attendre 4 nouvelles longues années pour voir le retour de la série d’une façon assez inattendue. Les Mario 2D n’existaient plus depuis Super Mario World que par des remakes d’anciens épisodes, sur Gameboy Advance notamment. Nintendo compte remettre la franchise au goût du jour avec New Super Mario Bros. sur Nintendo DS. Il s’agit d’une nouvelle vision des tout premiers Mario 2D, reprenant le gameplay et l’univers quasiment à l’identique en leur donnant une touche de modernité. Nintendo décide alors, contrairement à ce qui a toujours été fait, de se tenir à ce nouveau style. De la Nintendo DS à la Wii U, chaque console aura droit à un épisode de New Super Mario Bros. conservant tous la même identité avec quand même à chaque fois quelques ajouts. Ainsi NSMB Wii apportera le mode 4 joueurs, NSMB 2 une dimension de scoring, et l’épisode Wii U sera l’épisode ultime en intégrant de nombreux éléments issus de Super Mario World.

S’installe alors un sentiment de lassitude. Même si les New Super Mario Bros. sont à chaque fois des petits trésors de level design au gameplay toujours aussi précis, l’univers stagne, pour une série qui nous a habitué au perpétuel renouvellement. Mais il faut quand même relativiser ce sentiment, car entre temps, la Wii, sur laquelle Nintendo est plutôt productif en termes de jeux, accueille ce qui sera un nouveau départ pour la série des Mario : Super Mario Galaxy. Présenté comme le nouveau Mario 3D, ce jeu aborde pourtant le genre de la plate-forme 3D d’une nouvelle manière. Il ne s’agit plus de parcourir librement de vastes mondes à la recherche d’étoiles ou autres objets cachés. Dans Super Mario Galaxy, les niveaux sont moins vastes et surtout plus linéaires, avec un seul objectif final qui tient le même rôle que le classique drapeau de fin des épisodes 2D. Cette approche offre cependant un challenge plus relevé en proposant des réelles phases de plate-forme demandant une certaine maîtrise, non sans rappeler les niveaux de Bowser dans Super Mario 64. Le succès est immédiat tant au niveau des ventes que des critiques. L’absence d’une liberté que les fans attendaient comme une vraie suite à Super Mario Sunshine est occultée par un tout nouvel univers sublimé par une bande son mémorable et des éléments de gameplay complètement inédits.

Nintendo renouerait alors enfin avec sa créativité ? Ce serait se méprendre sur la chronologie ! À cette époque, en 2007, seul un épisode de New Super Mario Bros. avait vu le jour. Ce sera pendant les 5 années suivantes que Nintendo restera dans une période de sécurité où s’entremêleront les sorties des différents NSMB et Super Mario Galaxy 2, la suite directe du premier, le surpassant largement mais sans apporter de réelles grosses nouveautés.

En 2011, la série est divisée en 3 branches aux concepts différents : les Mario 2D, les Mario 3D dont le dernier épisode est Sunshine, et les Mario 3D « new age » représentés par les deux Galaxy. Il est alors temps pour Nintendo d’explorer une nouvelle voie avec le lancement de Super Mario 3D Land et Super Mario 3D World, deux jeux basés sur le même principe qui fait converger 2D et 3D. L’idée est alors de retrouver les sensations d’un Mario « à l’ancienne » dans un environnement en 3 dimensions que l’on peut explorer librement. Le résultat donne un feeling global très proche des épisodes 2D, avec des niveaux construits de la même façon que dans Super Mario Galaxy, à la progression linéaire. Il faut savoir que le projet initial était Super Mario 3D World, mais le démarrage hasardeux de la Nintendo 3DS a contraint Nintendo de revoir un peu ses plans et de mettre en pause son développement afin de se concentrer sur une adaptation pour la console portable en difficulté. C’est ainsi qu’est né Super Mario 3D Land, qui conserve le concept initial mais dans une version bien moins aboutie que prévue. Non pas qu’il soit mauvais, mais l’univers du jeu reprend exactement les bases ultra-classiques de Mario, sans véritable autre innovation que son gameplay. Si ce jeu a rempli son contrat en contribuant a relancer les ventes de la Nintendo 3DS, il n’a pas comblé pour autant l’attente des joueurs d’un nouveau Mario 3D. En conséquence, lorsque Super Mario 3D World a été dévoilé pour la première fois, il a été considéré comme une simple « version salon » de son rejeton portable, et a souffert d’un accueil plutôt mitigé de la part du public.

Pourtant, le fruit du projet initial adopte, quant à lui, un univers dans la lignée de Super Mario Galaxy, lui empruntant son style musical, son esthétique particulière, et bon nombre de personnages et ennemis. De plus, il apporte le mode multijoueur coopératif à 4 introduit dans New Super Mario Bros. Wii ainsi qu’un gameplay bien plus profond que son homologue 3DS. Le contenu du jeu est assez impressionnant, avec une bonne quantité de mondes assez vastes et un challenge à la difficulté croissante atteignant des sommets dans les dernières heures de jeu. Cependant, il ne faut pas se voiler la face, bien que ce soit un nouveau Mario sur console de salon, cet épisode ne répond toujours pas aux attentes de ceux qui aimeraient un successeur à Super Mario 64.

C’est à ces joueurs là que Nintendo a pensé en annonçant Super Mario Odyssey sur Nintendo Switch. Le jeu compte renouer avec un gameplay axé sur l’exploration d’environnements gigantesques. Mais nous ne nous attendons pas pour autant à retrouver un copie exacte des jeux qui ont fait la gloire des années 2000. Le temps a bien passé depuis, et la tendance de Nintendo à vouloir innover apporte un tout nouveau concept, qui nous a vraiment plu lorsque nous l’avons essayé à l’E3. Nous aurons droit une nouvelle fois à un chamboulement de l’univers connu de la série en proposant un voyage dans de nombreuses contrées aux styles variés jamais vus jusqu’à maintenant. La première présentation du jeu avait déjà marqué les esprits en faisant évoluer notre héros dans une ville aux allures réalistes peuplée d’humains et dirigée par Pauline, un personnage ressorti du placard et placé dans le rôle inattendu de maire de la ville. Dans les trailers et les démos, nous avons également pu apercevoir de nombreux nouveaux personnages et ennemis, en plus des mécaniques de gameplay spécifiques au titre, et même certains éléments qui semblent venir des épisodes Game Boy pour titiller notre fibre nostalgique.

Est-ce que Super Mario Odyssey répondra enfin aux attentes de tout le monde ? Réponse le 27 octobre !

Mis de côté

Je n’ai pas parlé, dans cet historique, des épisodes sortis sur Game Boy : Super Mario Land et Super Mario Land 2. Ces épisodes sont un peu à part, produits par une équipe différente menée par Gunpei Yokoi, et non Shigeru Miyamoto comme les épisodes principaux de la série. Il en résulte des jeux qui ne sont pas mauvais mais qui se placent dans un univers totalement différent, sans grand rapport avec le reste de la série, introduisant des mécaniques de jeu, mais aussi pas mal d’ennemis, que l’on ne retrouvera plus par la suite. Côté histoire, ces jeux ont inventé des personnages comme Daisy ou Wario, désormais récurrents dans les spin-off mais que l’on ne retrouve pas non plus dans les autres jeux de la série.

Mario aux commande d’un sous-marin
Le genre d’ennemi qu’on ne reverra plus…

Super Mario Bros. 2, tel qu’on le connaît chez nous est également un cas à part. Le véritable Super Mario Bros. 2 a été jugé trop difficile pour le public américain. Nintendo, alors déjà en train de travailler sur Super Mario Bros. 3, a donc pris la décision de recycler un des jeux développés exclusivement pour le japon par l’équipe de Miyamoto, Doki Doki Panic, et d’en remplacer les héros par Mario, Luigi, Peach et Toad. Il en résulte un jeu totalement différent du reste de la série mais très apprécié par le public occidental, qui prendra cependant une place beaucoup plus importante dans la saga que les épisodes Game Boy. C’est un juste retours des choses étant donné que Doki Doki Panic est un projet qui a permis, grâce à un partenariat avec l’émission japonaise Yume Kojo, de donner vie à un prototype abandonné initialement conçu pour … un nouveau Mario.

Beaucoup d’éléments inhabituels dans ce jeu
Première apparition de Birdo

Je n’ai pas non plus parlé des innombrables remakes dont la série a fait l’objet. D’abord Super Mario All Stars qui est une compilation des 3 premiers jeux avec le Super Mario Bros. 2 japonais en bonus, tous complètement refaits graphiquement. Puis chaque épisode jusqu’à Super Mario World 2 a eu droit à un remake sur console portable, apportant plus ou moins de nouveautés. Super Mario 64 est également ressorti sur DS dans une version plus jolie et proposant 4 personnages jouables.

Enfin, avant de vous ruer sur les commentaires, il faut savoir que j’ai volontairement simplifié l’approche des deux Mario Galaxy. Si Super Mario Galaxy 2 présente sans ambiguïté ses niveaux comme étant tous indépendants, sur une carte à la manière d’un Super Mario Bros. 3, le premier épisode est un peu différent. Les niveaux sont regroupés par « galaxies », dans lesquelles on peut sélectionner une étoile à la manière de Super Mario 64. Mais ne nous laissons pas berner, chaque étoile représente bien un niveau unique – certes situé dans un décor similaire aux autres étoiles de la même galaxie – disposant d’un unique objectif dont on ne peut dévier. Le fonctionnement est donc le même dans les deux jeux, même si la présentation est différente.

Et pour conclure

Lorsque l’on se penche un peu sur l’histoire de la série des jeux de plate-forme Mario, on se rend compte que c’est un sujet bien plus complexe qu’un simple nombre de dimensions. La plupart des épisodes, qu’ils soient en 2D ou en 3D, apporte une réelle innovation. Nintendo s’autorise parfois à concevoir des suites directes à ses jeux sans apporter vraiment autre chose qu’un prolongement de l’expérience, mais peut-on vraiment s’en plaindre ? En plus de 20 ans, cette série a su sans cesse se réinventer et explorer de nouvelles voies tout en conservant un esprit unique, l’esprit de Mario, connu de tous les joueurs du monde, et faisant office de référence absolue dans le domaine.

2 Responses

  1. Très bon article, ni trop long, ni trop court !
    Ca donne encore plus envie de jouer à Super Mario Odyssey pour voir si Nintendo a enfin réussi à faire une suite au cultissime Super Mario 64 !!

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