Développeur : Square Enix
Éditeur : Square Enix
Plateforme : Nintendo Switch
Date de sortie : 9 février 2018
Si l’on attend avec impatience un certain Dragon Quest XI, toujours prévu sur Nintendo Switch mais pas encore daté, on peut toujours se plonger dans l’univers de la licence avec Dragon Quest Builders, jeu au genre assez inattendu. Est-ce que l’univers dont on doit le design à Akira Toriyama sera suffisant pour faire oublier Minecraft, le ténor en la matière, également disponible sur la console de Nintendo ? C’est ce que nous allons voir.
Test réalisé à partir d’un version e-shop du jeu, fournie par Nintendo.
Copie non-conforme
Dragon Quest Builders vous met dans la peau du bâtisseur légendaire qui se réveille dans le monde d’Alefgard, complètement dévasté, et dont les habitants ont été privés du pouvoir de construire. Vous avez donc la lourde tâche de reconstruire le monde et d’en chasser les forces maléfiques. Le jeu se découpe en différents chapitres se déroulant tous dans une région différente, disposant de son propre scénario et lot de problèmes à résoudre. Vous commencez toujours par établir un camp de base à un endroit prédéterminé, correspondant à un périmètre dans lequel vous devrez reconstruire une ville. Elle vous permettra d’attirer de nombreux habitants rescapés qui proposeront tout un tas de quête faisant avancer l’histoire. C’est là l’une des principales différences avec les autres jeux du genre ; avec son histoire et sa scénarisation, Dragon Quest Builders tient plus du RPG que du jeu bac-à-sable comme on a l’habitude d’en voir, dont le plus connu est un certain Minecraft.

Justement, la première chose qui vient a l’esprit en voyant Dragon Quest Builder est une impression de copie conforme avec une surcouche d’éléments propres à la série de Square Enix. Après quelques heures passées dans le jeu, on se rend compte que les apparences sont assez trompeuses, en bien comme en mal.
Liberté conditionnelle
Les principes du jeu de construction à base de cubes sont bien présents. Armé de divers outils, notre héros peut détruire, récolter ou replacer tous les éléments du décor afin de remodeler le paysage à son envie. Il peut obtenir diverses ressources plus ou moins rares pour crafter encore plus d’éléments de construction, de meubles, ou d’objets décoratifs utiles à la reconstruction de la ville parfaite. Cependant, là ou Minecraft laisse une liberté totale au joueur, lâché dans un monde ou toutes les règles de gameplay sont immédiatement disponibles, Dragon Quest Builders est beaucoup plus didactique et n’offrira au joueur que les possibilités de création imposées par le scénario.

On se retrouve rapidement à suivre à la lettre les quêtes données par les PNJ en faisant preuve d’une créativité somme toute assez limitée. Malgré tout, la quantité d’éléments de construction est ici bien plus étoffée que dans son modèle. Dragon Quest Builders propose une vaste palette de meubles et d’éléments décoratifs dans différents styles, souvent liés a un chapitre en particulier (travail de la pierre dans le premier chapitre, menuiserie dans le second, etc.). Il est simplement dommage que, d’un chapitre à l’autre, la plupart des recettes de construction apprises ne soient ensuite plus disponibles car pas en accord avec le thème de la région.
Si ce concept est acceptable pour justifier une variation des thèmes d’environnement qui peut occulter artificiellement une certaine répétitivité inhérente à ce genre de jeu, il peut aussi amener à des aberrations de gameplay bien plus gênantes. Par exemple, abattre des prunetiers permet d’obtenir du bois que l’on peut transformer en planches, matériau de base pour bon nombre d’outils, dans le premier chapitre mais pas dans le second où il faut obligatoirement trouver un autre type d’arbre, rendant alors inutile le bois de prunetier. Heureusement, d’autres idées sont les bienvenues pour rendre le jeu très accessible. On notera par exemple la construction d’un coffre géant qui permet de stocker des objets peu importe ou l’on se trouve, faisant ainsi sauter la limite de place de l’inventaire du joueur. Ou encore l’existence de convertisseurs permettant de transformer des pans entiers de murs ou de sols en terre en n’importe quel matériau, rendant la construction de bâtiments bien plus efficace que dans d’autre jeux du genre.
Dragon Quest Builders offre clairement moins de libertés que Minecraft, mais propose en contrepartie des mécaniques originales intéressantes. La plus remarquable étant le concept de salles. Une salle de base doit être fermée par un mur d’au minimum deux blocs de hauteur, une porte et contenir une source de lumière. À partir de là, en y installant certains éléments, on peut obtenir une multitude de types de salles différentes ayant toutes des effets sur le déroulement du jeu. Une chambre confortable permettra aux habitants de récupérer plus rapidement de l’énergie, alors qu’une armurerie leur permet de s’équiper d’armes plus puissantes. Le joueur a donc tout intérêt à bien penser la conception de sa base.

En plus de l’aspect fonctionnel, il faut également penser à la résistance de sa ville au moyen de fortifications et autres mécanismes de défense. En effet, au cours des l’histoire la base du joueur subit régulièrement les assauts de vagues de monstres qui feront tout pour en détruire les bâtiments et réduire en poussières des heures d’efforts de construction. Et ne comptez pas seulement sur vos compétences en combat pour repousser les attaques, car le principal point faible de Dragon Quest Builders jouera contre vous : son système de combat. Celui-ci est très simple, le héros peut s’équiper d’épées pour donner des coups horizontaux au champ d’action large ou de marteaux, bien plus puissant mais dont le coup vertical demande plus de précision. Un gameplay classique pour un jeu d’action mais à l’exécution assez bancale. La portée assez faible des coups ne serait pas un problème si le moindre contact avec les monstres ne causait pas de dégâts. Le résultat donne un système de combat assez pénible, répétitif et surtout frustrant tant le nombre de monstres présents est élevé.
Le bon côté des choses
Une chose est sûre, si vous aimez le genre bac-à-sable, les petites frustrations liées au manque de liberté seront vite occultées par le côté addictif du jeu. On se surprend à passer beaucoup de temps à peaufiner l’architecture de sa base, pour arriver à quelque chose de visuellement agréable tout en étant fonctionnel. Cependant, un autre gros défaut viendra quelque peu gâcher le plaisir. Les développeur on fait le choix de proposer, à la différence de Minecraft, une vue à la troisième personne afin de mettre en valeur le character design si particulier de la série Dragon Quest. En extérieur, il n’y a aucun problème, par contre dès que l’on rentre dans des lieux confinés, la galère commence et l’on doit constamment se battre avec la caméra pour retrouver son chemin. Ainsi, oubliez complètement les réseaux de galeries souterraines à explorer, ou même la conception de bâtiments fermés par un toit. Les développeurs ont contourné le problème en n’imposant pas de toit pour qu’une salle soit considérée comme telle, ce qui serait acceptable si les PNJ et – pire – les monstres n’en profitaient pas pour sauter par dessus les murs sans complexe dès que c’est possible…

Quoi qu’il en soit, le jeu offre un bon nombre d’heures de jeu, au travers de 4 chapitres se déroulant dans 4 régions du monde différentes. Encore faut-il accepter de repartir de rien au début de chaque chapitre, mais les situations et la marche à suivre sont à chaque fois différentes donc on s’y met avec plaisir.
Du côté de la technique, il n’y a rien à redire, le jeu est mignon, plutôt joli tout en restant assez simple, et tourne très bien tant en mode TV que portable. Visuellement, on ne voit pas de différence avec la version PS4 sortie en 2016. Si on met de côté les problèmes de gameplay cités précédemment, c’est au niveau des musiques que le jeu pêche. Les joueurs habitués aux bandes-son mémorables des épisodes principaux de la série seront déçus de trouver des musiques qui se répètent beaucoup sans rester dans les mémoires.
Le seul bâtisseur du monde
Je ne peux pas conclure ce test sans aborder le chapitre spécial Terra Incognita. Il s’agit ni plus ni moins d’un mode de construction libre qui s’étoffe au fil de l’avancée dans le mode histoire. Paradoxalement, alors qu’on regrette le manque de liberté offert par un Minecraft, ce mode de jeu ne parvient pas vraiment à susciter beaucoup d’intérêt. Ici, pas de PNJ, pas de contraintes à propos des recettes de construction, pour peu qu’on les ait débloquées, et les différents environnements sont disponibles pour aller récolter les ressources dont on a besoin. Les conditions semblent être toutes réunies pour offrir une alternative à Minecraft, mais il manque un petit quelque chose, je ne sais pas… peut être des amis avec qui jouer ? Le jeu ne propose pas de mode multijoueur, si ce n’est un moyen de partager ses villes avec ses amis. Le fait d’évoluer sur un terrain de jeu pré-déterminé et non généré procéduralement, que l’on trouve finalement assez petit, contribue certainement à ce manque. Une chose est sure, il y a peu de chances de se perdre dans Alfegard.

LE RÉCAP’
- scénarisation bienvenue dans ce type de jeu
- l’univers de Dragon Quest
- une grande variété de recettes de construction
- un jeu très addictif
- les combats
- le monde assez limité
- la fausse liberté
- la gestion de la caméra
- les musiques quelconques et répétitives
Dragon Quest Builders ressemble beaucoup à Minecraft au premier coup d’œil, mais en s’y intéressant de plus près, il s’agit en fait d’un jeu bien différent avec ses avantages et ses inconvénients. En plus de l’univers de Dragon Quest, le jeu propose une aventure scénarisée et guidée au détriment d’une liberté bien plus restreinte que son homologue. Quoi qu’il en soit, le joueur peut y faire parler sa créativité dans un titre accessible, plutôt bien conçu et terriblement addictif.
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