[Test 3DS] Zero Escape : Zero Time Dilemma

Développeur : Spike Chunsoft
Éditeur : Aksys Games, Spike Chunsoft
Plateforme : Nintendo 3DS
Date de sortie : 28 juin 2016

Après avoir dévoré joué à 999 : Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors sur Nintendo DS et Virtue’s Last Reward sur Nintendo 3DS, l’annonce du dernier épisode de la trilogie Zero Escape, nommé Zero Time Dilemma, m’a fait immédiatement frémir d’envie et d’impatience. Les deux premiers épisodes étant un vrai régal tant pour leur ambiance, leurs énigmes, leur histoire complexe et leur originalité; ce troisième épisode, dont le développement était au départ totalement incertain, fait face à un lourd challenge du fait qu’il doit conclure cette formidable saga avec brio. Le pari est-il tenu ? Voyons cela dès maintenant.

Un genre unique, entre escape game et voyages spatio-temporels

Pour faire au plus simple, Zero Time Dilemma peut-être qualifié de jeu d’aventure couplé à un visual novel, avec une forte dose d’escape game. La majeure partie du jeu consiste au visionnage de cinématiques entièrement doublées, entrecoupées de phases où les personnages sont bloqués dans des pièces dont il faut percer les secrets pour espérer en sortir.

Le jeu est assez singulier, tant il est découpé en de très nombreuses scènes que vous ne parcourrez pas de façon chronologique. En effet, de nombreux choix déterminants pour la survie des personnages vous seront proposés et vos différentes actions changeront radicalement l’évolution de l’histoire. La particularité réside sur le fait que vous devrez, pour terminer le jeu, passer par toutes les possibilités (même les plus cruelles) et donc visionner tous les scénarios possibles. Cela peut sembler redondant à première vue mais les scènes, une fois visionnées une première fois, peuvent être passées à vitesse grand V afin de satisfaire votre curiosité au plus vite. Imaginons une situation, très simple, où une fois que vous avez résolu toutes les énigmes d’une pièce, un gros bouton bleu avec un avis de danger vous disant de ne pas appuyer dessus apparaît. Vous avez alors le choix d’appuyer ou non. Une fois la première possibilité effectuée, je pense que, comme moi, vous irez immédiatement voir ce qu’aurait donné l’autre pour satisfaire votre curiosité. Zero Time Dilemma est particulièrement agréable dans le sens vous avez accès à tous les dénouements possibles, tout en vous laissant libre de progresser comme vous le souhaitez.

Cependant, ce système à chronologies multiples ne permet pas de suivre une histoire du début à la fin et il faudra être vigilant pour ne pas s’emmêler les pinceaux entre les différentes timelines. Heureusement, un organigramme global où toutes les scènes sont classées par ordre chronologique est accessible à tout moment du jeu. Pratique pour se remettre les idées en place et comprendre ce qu’il se passe, d’autant plus que pour avancer dans le jeu, vous aurez souvent besoin de déclencher certaines scènes que vous auriez oubliées ou que vous ne pouviez conclure sans disposer d’une certaine information accessible à un autre passage du jeu. En termes de localisation, attention aux non-anglophones, les voix et textes sont en anglais et requierent un certain niveau, étant donné que des concepts scientifiques sont régulièrement cités et expliqués.

En termes de difficulté, les énigmes à résoudre lors des escape games sont assez inégales. Vous viendrez au bout de certaines pièces haut la main alors que d’autres vous demanderont de faire marcher votre logique au maximum de ses capacités. Un challenge appréciable, parfois frustrant, mais aussi valorisant !

Un jeu de vie ou de mort, mais quand même plus de mort…

Même s’il est possible d’apprécier le scénario de Zero Time Dilemma sans jouer aux épisodes précédents, il est fortement conseillé d’avoir au moins terminé Virtue’s Last Reward et, si possible, également 999 : Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors pour en comprendre toutes les subtilités, notamment à propos des menaces qui pèsent sur l’humanité. Dans ce dernier volet, l’accent est mis de façon encore plus flagrante sur le scénario, tant la mise en scène a été travaillée. L’intégralité des cinématiques est de bonne facture : un plaisir pour les yeux et les oreilles, même si les personnages sont un poil rigides.

Le jeu nous conte l’histoire de 9 personnages volontaires pour une expérience de cloisonnement, cette dernière ayant pour but de simuler une mission sur la planète Mars durant laquelle les colons seraient totalement isolés. Bien sûr, des complications surviennent lorsque ce cher Zero, à l’accoutrement très intimidant de médecin de la peste, décide de réellement les enfermer pour les faire participer à un jeu où les protagonistes devront résoudre des énigmes et faire des choix. Très vite, ils seront séparés en 3 équipes de 3 et Zero leur expliquera via transmission vidéo que pour pouvoir ouvrir la porte du bunker, unique moyen de sortir, il ne leur faudra pas moins de 6 mots de passe différents, chaque mot de passe étant dévoilé lorsque l’un des personnages meurt. Cela veut dire que sur les 9, seuls 3 pourront s’en sortir vivant… au maximum. Le plus intéressant, cependant, est de connaître le but de toute cette manœuvre et c’est ce que vous allez découvrir en parcourant Zero Time Dilemma dans son intégralité.

Je n’en dévoilerai pas plus, mais cela donne une idée de l’ambiance pleine de désespoir, entre personnages gentils qui ne veulent pas y croire et ne tuer personne, et les autres, plus réalistes, qui savent qu’ils n’ont pas d’autre choix que de passer le cap pour espérer s’en sortir. Des choix difficiles, que dis-je, plutôt des dilemmes en perspective ! Comme le laisse entendre le titre du jeu Zero Time Dilemma, les personnages devront affronter beaucoup de dilemmes avec des temps extrêmement courts. De quoi donner des sueurs froides.

En bonus, comme dans tous les épisodes de Zero Escape, le jeu justifie certains passages scénaristiques avec une vision scientifique, donnant une consistance encore plus certaine à une histoire exaltante depuis ses prémices. Néanmoins, sur ce troisième volet, on regrettera l’existence de ce que j’interprète comme une petite incohérence temporelle sur une des révélations majeures de la trilogie, ainsi qu’une fin qu’on pourra qualifier de satisfaisante, alors que l’on espérait une apothéose.

Du sang partout *slurp*

Vous aimez les scènes angoissantes et le sang ? Eh bien, vous allez être servi ! Pour vous donner une idée, parcourir le jeu vous fera penser coup à coup à la série de film Saw ou Cube. Zero Time Dilemma et la série Zero Escape dans son ensemble possèdent pourtant leur atmosphère propre, qui part de la situation terrible des protagonistes jusqu’à la catastrophe que risque l’humanité.

Ceci dit, si vous ne supportez pas la vue du sang et que vous n’aimez que les comédies ou les histoires à l’eau de rose, alors bien sûr ce jeu ne sera pas fait pour vous.

Chacun des trois jeux a son propre chara-design, ce dernier opus ayant opté pour un style nettement plus occidental que les deux précédents. Le résultat est remarquable : on s’identifie et s’attache facilement à tous les personnages ou presque (on a quand même plus envie d’en voir certains mourir que d’autres). Couplé à des graphismes tout à fait plaisants pour de la Nintendo 3DS, on obtient un jeu abouti visuellement.

Musicalement, certains thèmes sont repris des épisodes précédents et d’autres sont totalement nouveaux. Les musiques du compositeur Shinji Hosoe fusionnent naturellement avec les scènes et réussissent parfaitement leur travail de forger une ambiance particulière. Certaines se révéleront très riche en émotions, parfois avec un simple piano. Mention spéciale pour le thème ci-dessous, qui vous transportera lors de certaines scènes tristes ou de grandes révélations scénaristiques jusqu’à vous faire dresser les poils. Un régal.