Développeur : HAL Laboratory
Éditeur : Nintendo
Plateforme : Nintendo 3DS
Date de sortie : 2 décembre 2016
On ne l’espérait plus…
Malgré le retour régulier depuis quelques années de la série Picross dans les plannings de sortie de la Nintendo 3DS, on pensait la série définitivement cantonnée à l’eShop et à son format standard de puzzles 2D, vu que le seul et unique Picross 3D était sorti sur la première Nintendo DS. Si bien que, malgré les récents Picross e, Pokémon Picross ou encore My Nintendo Picross, ce fut une totale et heureuse surprise d’assister à l’annonce de Picross 3D : Round 2 lors du Nintendo 3DS Direct de septembre dernier.
Cette toute nouvelle version saura-t-elle faire mieux que son homologue, premier du nom, afin de conquérir un nouveau public et satisfaire la petite niche de picrossophiles ? Voyons ce qu’un passionné en pense.
Le jeu nous a été fourni par Nintendo, les captures d’écrans sont des screenshots éditeur.
Le Picross pour les nuls

Il est assez délicat de tester un jeu de réflexion, tant son appréciation est dépendante de votre personne. C’est pourquoi je vais essayer de vous donner des pistes pour savoir si ce jeu est fait pour vous ou si vous pouvez passer votre chemin, auquel cas, ne le faites qu’après lecture, au cas où…
La première piste à étudier pour cela est celle du concept du jeu. Et là, il va falloir rapidement vous agiter le cerveau car je vais essayer de vous l’expliquer à grands renforts de langue française. Rassurez-vous, tout cela est bien plus simple qu’il n’y paraît.
Picross 3D ce sont des puzzles à résoudre.
Puzzles qui se présentent au départ sous la forme de gros parallélépipèdes d’une taille maximale de 10x10x10 blocs et qu’il va falloir façonner, partie par partie jusqu’à révéler les objets cachés en leur sein.
Pour la résolution, une seule technique possible : se fier aux chiffres apparaissant sur les côtés de la structure et indiquant combien de petits blocs composant ledit objet se cachent sur la longueur, la profondeur ou la hauteur correspondante ; et combien d’autres, par conséquent, sont là en trop et doivent être supprimés.

De plus, un même chiffre peut apparaître sous 3 formes différentes :
– neutre, indiquant que les blocs présents sur la rangée correspondante sont contigus
– encerclé, si les différents blocs d’une même rangée sont répartis en deux groupes, ni plus ni moins
– encadré, s’ils se divisent en trois groupes ou plus.
Alors évidemment, vous pourriez paresseusement vous fier à votre intuition et remplir les cases au hasard, mais ce ne serait pas jouer le jeu. C’est au contraire aidé uniquement de sa logique que le joueur (ou devrais-je dire l’artiste) parviendra à concevoir patiemment de nombreux ouvrages, ce qui est à n’en pas douter une admirable transposition du concept des Picross 2D à la troisième dimension.
Simple mais très bien pensé.
Ça y est, je commence à comprendre.
Simple et pratique aussi sur le gameplay, assimilable suffisamment rapidement pour permettre d’aisément jongler entre observation de la forme présente, analyse des chiffres, rotation du puzzle à l’aide de l’écran tactile, plongée en profondeur pour étudier toutes les couches de la structure et enfin passage à l’action en supprimant/coloriant/annotant les blocs éprouvés. Puis reprendre ce raisonnement jusqu’à achèvement complet du chef d’œuvre.
Ainsi, lunettes de bigleux sur le nez, tasse de café à portée de main et stylet couleur lie de vin au bout des doigts, on a tôt fait de s’imaginer dans la peau d’un intellectuel huppé, trop respectable pour s’adonner à de nerveux passe-temps.
Mais attention, ça se complique ! Car je dois avouer que jusqu’ici, j’ai volontairement omis un détail de gameplay pour ne pas perdre le néophyte du Picross 3D que tu es peut-être mais qui parlera immédiatement au vétéran que tu dois logiquement être si tu ne fais pas partie de la première catégorie.
Un dernier détail, mais pas des moindres vu que dans Picross 3D : Round 2, contrairement à son prédécesseur, les chiffres indiquant la position des blocs peuvent maintenant apparaître de DEUX couleurs différentes, qu’il faut par conséquent traiter indépendamment l’une de l’autre !
Ce qui donne droit à un vrai renouvellement du processus de résolution, tout simplement.
Par exemple, 3 blocs contigus peuvent maintenant être indiqués de différentes manières selon leurs couleurs :
– un 3 (bleu ou Orange) pour le cas le plus standard
– un 2 accompagné d’un 1
– un 2 encerclé, puis un 1 si les couleurs alternent
Et je vous laisse imaginer les combinaisons possibles sur des rangées plus garnies.
Intéressant, c’est certain, mais il faut aussi l’avouer, ça corse un peu les choses.

Maman, j’y arrive tout seul !

Heureusement, HAL Laboratory a pensé à tout et je vais de ce pas aborder l’un des gros points forts du jeu: la gestion de la difficulté.
Point fort car, si je puis me permettre l’expression, les petits plats ont été mis dans les grands afin de convenir à tous les types de joueurs.
Non seulement chaque Picross peut se résoudre selon 3 difficultés différentes pour que ce soit adaptable, du débutant qui jouera en facile jusqu’à l’expert qui n’aura pas peur du mode difficile, mais le jeu nous propose en plus des aides de jeu activables à volonté.
- La première aide de jeu est paradoxalement plutôt destinée aux joueurs experts vu qu’elle a vocation à nous faire gagner un peu de temps en supprimant automatiquement toutes les rangées vides donc inutiles. Pratique pour gagner quelques secondes et briller sur la scène très renommée du speedrun Picross. Oui, c’est ironique, mais personnellement je m’en sers, cela peut donc se montrer utile.
- Et pour les moments où on se retrouve VRAIMENT bloqué et que notre patience atteint celle d’un Joey Starr face à un Gilles Verdez en collants, il reste l’option de faire appel à un indice qui nous indiquera sur quelles rangées il est encore possible de progresser. À nous de finir le travail en déduisant ce qu’il faut y faire.
Du tout bon sur ce sujet donc ! Surtout que, ne nous le cachons pas, l’avantage lorsque l’on a 3 modes de difficulté c’est que cela triple plus ou moins la durée de vie d’un jeu. *clin d’œil malicieux*
En dernier lieu, si l’on doit trouver un seul soucis au registre de la difficulté, cela va étonnement se situer du côté des contrôles.
Même si 2 types de commandes sont disponibles pour sélectionner les outils de remplissage ou destruction de blocs (aux boutons ou au stick), aucun des deux ne m’a totalement convaincu : l’un est peu intuitif au niveau du placement des boutons, l’autre est moins confortable et dans les deux cas, il est assez courant de choisir le mauvais outil par erreur ou inattention. Phénomène amplifié par la gestion simultanée des 2 couleurs, soit 2 fois plus de boutons avec lesquels s’emmêler les pinceaux.

Potentiellement rageant lorsque l’on cherche à obtenir la meilleure médaille sur chaque puzzle et que l’on commet une bête faute imputable aux contrôles après plus d’un quart d’heure de résolution ardue et précise.
Et je ne parle même pas des pauvres gauchers qui n’ont eux le droit qu’à un type de commande. Ont-ils mérité une telle discrimination ? Sans doute un peu, mais tout de même, c’est dur.
Clairement, le jeu aurait mérité un outil de personnalisation des commandes, ce qui ne me semble pas chose impossible pour le développeur de Super Smash Bros.
Bon, rien de comparable non plus avec l’ignoble changement de mode de contrôle de My Nintendo Picross : Zelda qui aura perturbé toute une frange de la picrossphère. Pardon ? Oui je fais des néologismes, et puis après, c’est mon test, j’en fais ce que je veux, n’en vous déplaise Monsieur, et puis arrête de changer de sujet, t’es pas attentif… Je disais donc, rien de vraiment rédhibitoire comme dans le sus-nommé Picross offert sur My Nintendo, mais tout de même agaçant par moments, non mais.
Combien ? Allez, plus que ça, fais un effort.

Bien, après ce chapitre tatillon, mais c’est mon côté Jean Pierre Coffe, passons au moment que vous attendez tous : la durée de vie.
Oui, parlons chiffres, et j’interdirai tout de suite tout commentaire déplacé à ce sujet sur mon obédience supposée, ne fais pas l’innocent, je sais que ça te serait venu à l’esprit tôt ou tard. Aïe aïe aïe !
En considérant que le temps de résolution d’un puzzle Picross 3D est en moyenne nettement plus long que pour un puzzle Picross 2D, vous ne serez pas surpris d’apprendre que la durée de vie se retrouve elle aussi plus qu’honnête, voire même considérable, même par rapport aux autres jeux de la série Picross. Et là je vais m’ouvrir à vous, en toute impudeur, en vous dévoilant le temps qu’il m’a fallu pour finir les plus de 300 puzzles en mode difficile : 62 heures, 43 minutes et une poignée de secondes !
C’est donc une bonne centaine d’heures qui sera nécessaire pour faire le tour de tous les puzzles dans toutes les difficultés qui vous attendent, chiffre évidemment très variable selon votre niveau, mais qui ne devrait en rester pas moins conséquent. L’extase !
300 puzzles, c’est un assez gros plateau, garni en grande partie de puzzles à résoudre de manière standard, mais aussi de certains avec des objectifs particuliers : résoudre le puzzle sans faire d’erreur, en un temps limité, ou encore sous la forme de « défis bâtisseurs » où différents puzzles finissent par s’assembler pour former une colossale structure.

Cela apporte un peu de variété durant la progression mais malheureusement trop peu souvent à mon goût : environ un cinquième (je vous l’ai dit, on parle chiffres) des puzzles doivent se résoudre sous la forme de challenges, ce n’est pas énorme quand on sait que les « défis bâtisseurs » eux-mêmes n’ont finalement rien de différent dans leur résolution par rapport aux puzzles standards.
Et tant qu’à en arriver à parler variété, touchons un peu aux à-côtés, à ce que le jeu nous propose en dehors de la progression principale. Et là, je vais me fâcher car Picross 3D : round 2 manque cruellement de modes de jeu annexes : là où le premier Picross 3D proposait un mode création et même un mode multijoueur, ici, niet, nada, que tchi, peau de balle, le jeu se retrouve désespérément vide d’intérêt une fois le mode principal complété.
On tient là le plus gros défaut de Picross 3D Round 2. C’est d’autant plus regrettable que tout cela, encore une fois, était présent dans l’opus précédent et l’on a du mal à comprendre les raisons d’une telle amputation qui en ruine presque totalement toute la rejouabilité, et là j’ai envie de mettre un smiley triste. *smiley triste*
Et la 4k dans tout ça, y’a le HDR+ ?
Arrêtons-nous un peu sur l’enrobage avant de finir.
Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises précédemment, mais il y a plus de 300 puzzles à compléter et donc autant de figurines à découvrir sur notre petite cartouche. Pour la forme, sachez que ces figurines sont réparties en plusieurs tomes à thème, en fonction de ce à quoi elles se réfèrent : un tome conte de fées, un sur l’astronomie, sur les animaux de compagnie, il y a un peu de tout et c’est bien mignon. Néanmoins, tout cela manque d’un petit quelque chose. Comme un petit diorama pour mettre en scène ses figurines, ou bien une petite animation sympathique lorsque l’on consulte la description de ladite figurine, à la manière des puzzles qui s’animent dans la Place Mii StreetPass. Ou bien à la manière de ce qui se faisait déjà dans le premier Picross 3D, ENCORE UNE FOIS !
Alors avant de m’insulter pour sodomie de mouche abusive, permettez-moi d’insister sur le fait que ce sont ces petits riens qui donnent une âme et de la vie à ce genre de jeu. Oui madame Chazal, je l’affirme haut et fort, car je n’ai pas peur de dire ce que je pense !
Au passage, je me permets une dernière petite digression, mais en jouant je me suis fait une réflexion d’amateur d’effet 3D et me suis dit innocemment que cela aurait eu du sens d’avoir le puzzle sur l’écran du haut pour s’aider de la fonction 3D de la console pour la résolution. Voilà, tu n’en as peut-être rien à faire de la 3D, mais c’est dit.
À part ça, il y a tout de même un bon point sorti de nulle part, auquel je n’aurais jamais pensé relever dans un test de jeu de réflexion, mais je donne une mention spéciale à la bande sonore du jeu. En toute relativité, elles restent quand même des musiques d’ascenseur, mais si j’avais ce genre de musique dans mon ascenseur, je ne verrais pas les étages passer. Une suggestion, donc, essayez de jouer avec un casque sur les oreilles, ça accompagne bien.
Enfin, que serait un puzzle-game Nintendo sans quelques clins d’œil aux grandes licences phares de l’éditeur. Et ici, ces clins d’œil prennent la forme de puzzles supplémentaires déblocables grâce aux amiibo. Mario, Luigi, Peach ou Toad, Bowser, Yoshi, Kirby, Meta Knight, Roi Dadidou et enfin Link, chacun de ces amiibo qui traînent sur votre étagère depuis des mois vous donnera accès à une magnifique figurine à découvrir, c’est le moment d’aller les emprunter à un ami s’il vous en manque.
Évidemment le vrai challenge pour un perfectionniste sera de terminer aussi ces puzzles bonus sans commettre d’erreur afin d’obtenir la plus haute distinction de l’ordre des Picrosseurs !

LE RÉCAP’
- Concept intelligent et bien pensé
- Durée de vie conséquente
- Difficulté ajustable
- Un challenge bien présent
- Les puzzles amiibo magnifiques
- Aucun mode de jeu annexe
- Maniabilité perfectible
- Moins addictif que les versions 2D

Laissez un commentaire