Développeur : Level-5/Square Enix
Éditeur : Nintendo
Plateforme : Nintendo 3DS
Date de sortie : 20 janvier 2016
On ne pensait pas le voir arriver un jour mais il est enfin là. Deux années après sa sortie au pays du soleil levant, Dragon Quest VIII : L’Odyssée du Roi Maudit traverse les mers pour arriver jusque chez nous. Tout ça grâce à la bonne volonté des personnes en charge de la licence au japon, souhaitant la voir se pérenniser en dehors de l’archipel où il trône indubitablement comme roi du JRPG depuis plus de 30 ans. Portage de l’épisode PS2 parvenu chez nous il y a plus de dix ans et qui a fait découvrir les Slime aux Européens, que vaut cette adaptation ?
Un Dragon Quest pas comme les autres

Pour replacer Dragon Quest VIII dans son contexte, il faut imaginer que cet épisode est le tout premier Dragon Quest intégralement réalisé en 3D, une véritable révolution pour une série fortement ancrée dans son traditionalisme qui commençait à peser, après un 7ème épisode qui, bien qu’étant l’un des plus grands succès commerciaux de la saga, a été décrié par les fans.
L’aventure débute avec notre cher Héros sans nom qui n’occupe plus son rôle de garde royal et Yangus, un ancien voleur reconverti après avoir été sauvé par notre cher Héros muet. Les deux compères œuvrent pour le Roi Trode, qui n’est ni plus ni moins que le fameux Roi Maudit, qui donne son statut au sous-titre du jeu, et sa fille, la jeune princesse Medea. Toutefois, les choses ne marchent pas comme sur des roulettes pour la famille royale, dont le roi s’est retrouvé transformé en monstre et la princesse en jument. La cause de ce mal est le malicieux sorcier Dhoulmagus, ancien bouffon du roi qui a semé le chaos dans le royaume et s’est enfui avec le sceptre maintenu scellé dans le château jusqu’ici. C’est ainsi que le petit groupe décide d’aller à l’aventure pour défaire cet ennemi et restaurer l’apparence du duo royal. Au passage, ils rencontreront Jessica et Angelo qui viendront grossir les rangs de l’équipe, ayant également des comptes à régler avec notre grand méchant tout en aidant la veuve et l’orphelin comme à l’habitude !
La narration de ce Dragon Quest, qui est le tout premier épisode principal non développé par Enix mais par le talentueux studio Level-5, tranche radicalement de ce que nous offrait la série jusqu’ici. Les bases du scénario sont posées dès la scène d’introduction, et pour une fois l’antagoniste principal n’a pas pour seul but de semer le désordre par le simple fait d’être vilain (insérer le sketch de Bioman des Inconnus ici). Dhoulmagus est un personnage espiègle et charismatique qui n’est pas sans rappeler le fameux Joker de Batman, et c’est tant mieux ! L’aventure est bien rythmée et apporte son lot de rebondissements scénaristiques. Celle-ci est beaucoup moins linéaire que dans l’épisode précédent et le doublage de la plupart des scènes importantes du jeu est de très bonne qualité, facilitant l’immersion et l’implication dans l’aventure. La progression quant à elle se fait sans accrocs, si vous passez un minimum de temps à vous castagner contre les monstres qui pullulent aux alentours. S’il vous arrive de buter contre un boss en particulier, une petite session de levelling chez les fameux gluants de métal remettra votre équipe en route en moins de deux ! Comptez une bonne cinquantaine d’heures pour venir à bout de l’histoire principale et le double si vous souhaitez explorer tous les recoins du monde tout en venant à bout des quêtes post game.
Beau comme une mini-médaille neuve
Jusqu’à Dragon Quest VIII, l’exploration et le style visuel dans la série n’avait pas changé en plus de 15 ans. Level-5 a balayé d’un revers de la main tout ce qui s’est fait auparavant, adieu le style SD/Chibi, les sprites et bâtiments minuscules, et bienvenue dans un monde complètement modélisé à l’échelle et en 3D conférant un immense sentiment de liberté. Tout paraît résolument plus grand et plus vaste dans Dragon Quest VIII par rapport aux épisodes précédents. On pourrait comparer ce sentiment à la découverte de The Legend of Zelda : Ocarina of Time après The Legend of Zelda : A Link to the Past, une totale révolution graphique pour la série.
Graphiquement, le jeu est très beau pour un jeu Nintendo 3DS, bien qu’un poil moins joli que sur sa monture d’origine. Le côté cell shading étant moins prononcé, le clipping beaucoup plus présent et les textures moins lisses qu’à l’époque. Tradition oblige, on retrouve Akira Toriyama au character design, homme qui n’est autre que le papa de Dragon Ball (qui s’arrête au tome 42, oubliez DB Super) ainsi que Dr. Slump. Sur cet épisode, son travail est sublimé et enfin apprécié à sa juste valeur grâce à la direction adoptée par les équipes de Level-5 pour toute la partie graphique. Les personnages ainsi que les environnements sont vivants et les animations des différents monstres et personnages sont tout à fait réussies, une grosse révolution pour une saga où les personnages n’étaient que des tas de pixels jusqu’ici.
Entre classicisme et renouveau

Outre la révolution graphique, Dragon Quest VIII respecte quand même la tradition en proposant un gameplay ultra classique au tour par tour. Classique certes mais résolument pas mauvais, d’autant plus que le système de combat est très bien ficelé. Chacun des personnages peut s’équiper de différents types d’armes dont il est possible de renforcer l’affinité en distribuant des PC (points de compétences) que l’on gagne en montant en niveau, ce qui permet de débloquer de nouvelles compétences propres à ces types d’armes. Ce système, bien que pas du tout révolutionnaire en 2017, permet d’apporter un peu de personnalisation aux personnages, d’autant plus que le système de jobs présent dans l’épisode précédent ne fait pas son retour dans celui-ci. Rien de bien grave, car les personnages du groupe sont tous complémentaires.
Dans cet épisode, l’aptitude de tension est généralisée à tous les personnages et permet de sauter des tours pour emmagasiner de l’énergie avant de balancer la sauce. Cela ouvre un nouvel éventail de stratégies au système de combat car les sorts profitent également du boost, sans pour autant consommer plus de PM. En parlant des combats, de gros efforts ont été livrés pour les dynamiser, ceux des épisodes précédents étant jusque là assez soporifiques. De plus, des angles de caméra dynamiques ont été implantés pour dynamiser l’action et rendre les personnage un peu plus vivants et pimpants que dans l’ancienne version où les membres du groupe n’étaient pas visibles durant les affrontements.
Des nouveautés plein le panier
Alors que Square Enix aurait très bien pu ressortir la formule d’origine telle quelle, on saluera la volonté du développeur d’apporter des nouveautés à une aventure déjà conséquente et bien menée dans l’état d’origine. Cette version Nintendo 3DS permet d’accélérer la vitesse des combats pour éviter de s’éterniser dans des affrontements contre des monstres banals. En parlant des monstres, ces derniers sont directement présents sur la map et met fin aux incessant combats aléatoires, comme l’a déjà fait la version Nintendo 3DS de Dragon Quest VII. Côté nouveautés, on peut encore citer la présence d’un mode photo pour immortaliser certains moments de l’aventure, qui vient avec son lot de petites quêtes bonus; l’arrivée de deux nouveaux personnages jouables, Morry, qui n’est autre que le frère jumeau caché de Mr. Satan de Dragon Ball, et la belle Rubis qui viennent grossir les rangs de l’équipe, gonflant le nombre de personnages jouables au nombre de six.
On comptera également la présence d’un donjon bonus pour les joueurs en quête de challenge, déjà bien relevé dans ce Dragon Quest VIII, et de nouvelles quêtes scénaristiques qui développent le background du Héros et de Dhoulmagus. On regrettera cependant l’éviction des sublimes musiques orchestrales jouées par l’orchestre symphonique de Tokyo, auxquelles on avait eu droit à l’époque, pour des musiques MIDI de qualité certes, Koiichi Sugiyama oblige, mais qui ont moins d’impact que sur PS2. Ceci est d’autant plus dommageable lorsque l’on sait que les compositions symphoniques sont présentes dans la version Nintendo 3DS japonaise. Il est également étonnant de voir que les menus de l’époque PS2, qui ont été retravaillés pour être plus ergonomiques et agréables à l’œil grâce à l’incorporation d’illustrations des différents objets, ont été tout simplement jetés à la poubelle pour revenir aux menus austères d’un autre temps. Qu’est-ce qui a motivé ce choix chez Square Enix ? Nul ne le sait mais il est tout à fait étonnant de voir une régression volontaire, d’autant plus que les menus ont été décriés à maintes reprises, bien qu’ils font partis de l’ADN des Dragon Quest.
LE RÉCAP’
- Une aventure épique dans la poche
- Durée de vie conséquente
- Personnages charismatiques
- Graphiquement réussi
- Character design made in Akira Toriyama
- L’apport des nouveautés
- Doublage de qualité
- Moins beau qu’à l’époque
- L’absence des musiques orchestrales
- Des menus moyenâgeux

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