Développeur : HAL Laboratory
Editeur : Nintendo (eShop)
Plateforme : Nintendo 3DS
Date de sortie : 30 juin 2016
Code de téléchargement fourni par l’éditeur
Un an après le succès discret du puzzle game surprise créé par HAL pour le Nintendo eShop, BoxBoy! accueille déjà une suite tout à fait bienvenue. Loin d’être une simple suite « vous avez aimé donc on vous en donne plus », BoxBoxBoy! ajoute à l’équation d’origine une deuxième inconnue qui change drastiquement la donne.
Wake up, Qbby
Les joueurs ayant parcouru le précédent opus se souviennent que, bien que quasiment dépourvu du moindre mot, le jeu avait une histoire dont la fin était d’une mélancolie inattendue. BoxBoxBoy! reprend l’histoire exactement là où BoxBoy! s’était arrêté et, dans un rêve d’un Qbby endormi, lui soumet toute une nouvelle série d’énigmes. Mais il y a un twist : désormais, Qbby peut générer à partir de son corps deux ensembles de boîtes.

En guise de rappel pour ceux qui ignorent comment BoxBoy! fonctionnait : il s’agit d’un jeu d’énigmes/plateformes en défilement horizontal dans lequel Qbby, le petit personnage carré ci-contre, traverse des suites d’obstacles en générant un certain nombre (limité) de boîtes aussi carrées que lui. Ainsi, selon la manière dont on les dispose, les agence et les utilise, on peut trouver une (souvent plusieurs) manières de passer à l’énigme suivante.
Comme son grand frère, BoxBoxBoy! va avoir recours à de nombreux types d’obstacles et d’aides pour concevoir les tableaux à franchir par Qbby : précipices, plateformes mouvantes, tapis roulants, pointes fatales, lasers, interrupteurs, électrodes à relier, ennemis à guider vers leur destination et j’en passe. De la même manière, les capacités que les boîtes procurent à Qbby ne se limitent aucunement au simple marchepied : Qbby pourra utiliser les boîtes en les tenant pour faire office de grappin ou de bouclier, mais aussi pour « serpenter » à travers les passages les plus exigus du jeu.
What’s in the box?
A l’image de la poursuite de l’histoire rudimentaire de BoxBoy!, le gameplay de BoxBoxBoy! est un véritable prolongement de celui de son prédécesseur sous de nombreux angles. Puisque Qbby peut cette fois-ci générer deux ensembles de boîtes, le jeu propose au joueur des énigmes qu’il n’aurait pas pu aborder précédemment. De plus, puisque ces deux ensembles de boîtes sont là, les possibilités se voient grandement développées, ce qui donne en toute logique des défis dans BoxBoxBoy! plus compliqués que ceux de BoxBoy!.
La simplicité de la conception-même du jeu étant bien là, les développeurs ont eu une fois de plus la présence d’esprit de maîtriser le courbe de difficulté de manière exemplaire. Cependant, on comprendra que cette courbe a un démarrage nettement plus raide que les balbutiements de BoxBoy! : ce jeu est accessible à tous, mais, à l’image d’un Donkey Kong Country 2, est surtout fait pour les joueurs ayant déjà complété son antécédent. Toujours est-il que la progression est aussi satisfaisante, voire plus, puisque les solutions à trouver demandent souvent une ingéniosité que BoxBoy! ne requérait pas.

En utilisant la même palette d’adjuvants et d’adjudants que le premier jeu, on est surpris de la différence des énigmes rencontrées ici : pouvoir générer deux groupes de boîtes offre des possibilités bien au-delà du double, parce qu’on peut les combiner, et le jeu nous demande subtilement d’apprendre à considérer toutes les capacités offertes à Qbby de la sorte. Au bout du compte, Qbby dépasse le côté « super-pouvoir » de sa condition pour caresser une dimension « Mac Gyver » inattendue mais vraiment grisante.
En plus du héros et de l’environnement interactif, les couronnes noires font également leur retour. Il s’agit d’objets à collecter qui suivent la logique suivante : si Qbby les ramasse toutes avant d’avoir, au sein du niveau, généré un nombre pré-établi de boîtes, il conclura le niveau avec un perfect clear qui lui rapportera plus d’argent. Les couronnes apportent un défi supplémentaire aux joueurs qui comprennent le plus vite comment traverser, et ce défi supplémentaire ne suit plus aussi scrupuleusement la courbe de difficulté : il y a des couronnes simples comme bonjour dans le dernier monde, mais d’autres qui m’ont fait me gratter sérieusement la tête pendant un bon bout de temps dans les mondes 8 à 11.
Le jeu comporte 16 mondes de 7 ou 8 niveaux, chaque niveau comportant usuellement plusieurs énigmes, ce qui donne un total de plusieurs centaines d’énigmes à résoudre. A ceux-ci s’ajoute un monde Challenge qui nous fait retracer certains niveaux dans des conditions particulières (courir plus vite/sauter plus haut, mais avoir droit à moins de boîtes) et enfin un tableau de performances avec notes et rangs pour les joueurs visant le run parfaitement optimisé du jeu. Finir le jeu avec toutes les couronnes prend une dizaine d’heures et donne accès, via la boutique in-game, à des costumes tous plus adorables les uns que les autres, un mode Sound Test et une collection de petits sketches sous forme de yonkoma qui ajoutent une bonne grosse dose de personnalité à un jeu qui, malgré ses allures squelettiques, en a déjà pas mal.
Petit bonus : les costumes déjà achetés dans le premier jeu sont disponibles immédiatement dans BoxBoxBoy!, ce qui est très important car les gens qui jouent Qbby sans le costume de rappeur n’ont tout simplement rien compris à la vie.
Leçon de game design, partie 2
La plus grande beauté de BoxBoxBoy! est la même que celle de BoxBoy! : sa transparence.

Le système de jeu de BoxBoxBoy! est tellement franc et direct qu’il n’y a pas la moindre entourloupe. Un joueur ayant tripoté les possibilités depuis un quart d’heure sait tout ce qu’il y a à savoir : tout est clair. Un précipice trop grand pour être franchi, un plateau trop haut pour être gravi, ça ne laisse aucun doute. De la même manière, comme à l’accoutumée de Nintendo, il y a des signes qui ne trompent pas : quelque chose de pointu, ça fait mal. Un trou, c’est mortel. Il n’y a jamais de plateforme cachée à aller chercher en se jetant dans le vide. Et enfin, si tu arrives devant une énigme, tu peux toujours la résoudre (d’ailleurs on peut dépenser une pièce de jeu pour recevoir un indice qui montre une des manières de le faire).
La systémique du jeu est tellement flagrante qu’elle pourrait servir d’introduction à un programme étudiant de game design : le jeu est presque intégralement muet, mais il communique tout ce qu’il a à communiquer au joueur, au travers de son fonctionnement. En ce sens, BoxBoxBoy!, tout comme son aîné, est un succès retentissant. Dans un environnement de jeux immenses en 3D dont le joueur apprend pas à pas à décrypter les règles, les deux jeux BoxBoy! font un demi-tour et nous apportent un jeu sans aucun détour. Loin de moi l’idée de critiquer les immenses jeux en 3D, mais je salue l’initiative de vouloir équilibrer la balance.
LE RÉCAP’
- Un système de jeu limpide
- Une exploration complète des possibilités du jeu
- Une courbe de difficulté irréprochable
- Un contenu conséquent pour un jeu eShop
- Un charme fou malgré sa simplicité
- Une suite directe mais enrichissante d’un super jeu
- Quelques tableaux reposant sur la rapidité dans un jeu pas trop fait pour ça
- Les couleurs des deux groupes de boîtes éloignent de l’habillage 100% N/B de BoxBoy!
- On ne joue toujours que Qbby (c’est vraiment pour trouver des points négatifs)
- Il est préférable d’avoir joué au précédent avant

Un jeu discret mais qui assoit pour de bon une excellente nouvelle franchise de Nintendo : un jeu en deux dimensions qui donne malgré tout de la perspective à notre vision de ce qui fait un jeu bien fait.
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